Pour la première année consécutive, Le Voyage à Nantes a choisi d’upgrader son inaugurale Nuit du VAN en un voyage au bout de la nuit. Point de clin d’œil à Céline, l’auteur, mais plutôt à Olympe, la hauteur, et évidemment un hommage aux Dandys. Tendance sublime Nuit et Brouillard.
Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe, il ne reste qu’une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
À Nantes, ce n’est pas l’élégant Jean Ferrat mais Jean Blaise qui écrit l’Histoire. Plongé dans le brouillard de ses idées noires, le Dandy souffle sur les braises. Jean Blaise est à la culture ce que Serge Gainsbourg est à la cigarette électronique. Mais ébloui par la magie de la nuit, il éteint son feu intérieur et retrouve les voies de l’indulgence et le bonheur joyeux qui l’anime infiniment. Le Voyage à Nantes est une réussite, un bel événement culturel, populaire et gratuit. Tout ce qui est gratuit lui est cher.
…à l’heure où les enfants de la cité Le Corbusier poussent leurs premiers braillements, une vieille automobile a trouvé une seconde vie de piscine-aquarium…
Bonjour Bonsoir le VAN, le Dandy vit La Nuit-Le Jour. Comme un aigle, c’est peu après minuit, qu’il s’est posé sur la place Graslin pour l’Open Party. Michel de Trentemoult jouait à cet instant son dernier titre Or Piste : la vie en rose. Dédicace et signe pour le Dandy tout de rose vêtu. La piste tournante s’est arrêtée de tourner. Sur le parking de la Petite Hollande, en pays bas, Paulette Sauvage ajoutait son désordre électro au désordre ambiant. Entre autos et tunning, de là est sans doute né l’auto-tunning. Devant le Palais de Justice, sentence valut silence : déjà la fin de la soirée. Allez guincher sous Les Nefs, jeunes gens. Jamais à court de prédestinées, le Dandy croise, par enchantement, le chemin de Lady de Nantes et ses amies. Prétexte à déguster au skybar (paradoxalement peu doté en références de whisky) du Vertigo un cocktail en leurs compagnies. Dans les rues, partout du monde, partout de la vie. Le Dandy, visage recouvert de paillettes par le souffle d’un généreux noceur magiquement habillé en double ration de frites, multiplie les rencontres sous Les Nefs exactement.
Le clou de la nuit est enfoncé au petit matin à 6h18 officielles. Pick Up Production a fait des anciens abattoirs de Rezé un espace des possibles et de rêve semi-éveillé. Incroyable moment surréaliste et hors du temps : retrouvailles heureuses avec Le Remorqueur, mix d’un Dj polonais ou slovaque sous un chapiteau de cirque, envolée chaotique de la montgolfière et envolée lyrique, virtuose et suspendue de danse verticale à l’heure où les enfants de la cité Le Corbusier poussent leurs premiers braillements, une vieille automobile a trouvé une seconde vie de piscine-aquarium, un étonnant combat de catch mixte s’est engagé sur un ring provisoire, en l’occurrence une piste de patins à roulettes, en l’absence de Christophe Salengro retenu pour toujours en présipauté, un homme en écharpe fait office de président des lieux, les enfants roms du quartier, éternellement ballotés au gré des réhabilitations urbaines, découvrent les joies d’une salle de jeux à ciel ouvert, le Dandy se faufile dans les loges VIP et, sage comme une image, se fait servir un verre d’eau en attendant Johanna Rolland. De blanc pantalon et de rouge haut vêtue, la Maire de Nantes sait que le mélange rouge et blanc donne du rose. La rose c’est politique, le rose c’est Dandy. Il est tôt, il est tard. Le jour s’est levé pour Transfert, jour du transfert de Simone Veil au Panthéon. Nuit-Jour et Brouillard de poésie. À Jean Ferrat, le Dandy reconnaissant.
Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter
L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été
Je twisterais les mots s’il fallait les twister
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez