Madame la Maire, chère Johanna,
Une fois n’est pas costume, les Dandys ont le plaisir de vous adresser leurs vœux les plus chaleureux pour cette année 2019. Leur vœu le plus cher tient, comme toujours, dans le souci de placer le Dandysme au cœur de toutes les politiques publiques dont vous avez la charge.
Il faut savoir gré au gilet-jaunisme – mouvement politique confus et diffus né à l’automne 2018 visant à rappeler que le véhicule est le véritable poumon de l’existence épanouie étant entendu que le centre commercial en est son cœur – d’avoir remis la question de la circulation au cœur du débat public. Ce déferlement de couleurs criardes n’aura pas été vin : du petit jaune au blanc sec, il y a tout juste la distance entre les olives apéritives et les huîtres amuse- bouche.
La circulation en ville est la grande question qui traverse, si elle n’est pas elle-même prise dans les bouchons, la voirie Nantaise. Dans la lignée de villes ayant pris des décisions radicales avec l’instauration d’un péage urbain, Nantes doit instituer un péage îlien. Le principe de ce péage est d’une simplicité extrême : tout véhicule amené à franchir les ponts de Loire en direction de l’île de Nantes devra s’acquitter d’une contribution forfaitaire. Les modalités de fixation de cette contribution doivent être établies selon un procédé discriminatoire équitable : très peu élevée pour une Renault Clio, voiture plutôt t’choupi qui témoigne d’une forme de modestie salutaire, beaucoup plus onéreuse pour une Audi A5 Sportback, berline tapageuse et narcissique qui mérite le châtiment fiscal. Les modalités de gestion des frontières péagères (disposition de barrières levantes ou reconnaissance faciale des plaques d’immatriculation) sont à définir en fonction de l’enveloppe budgétaire allouée au projet.
L’île de Nantes, enclos artistique placé sous enclume bétonnière, doit poursuivre vaille que vaille sa quête de modernité et d’avenir avec le développement de formes nouvelles de vivre ensemble urbanisé. La voiture est un fléau, le vélo est son remède. Le péage îlien offre la possibilité de convertir les friches industrielles et les nouveaux éco-quartiers de l’île de Nantes en d’authentiques espaces d’expérimentation de déplacements doux, agréables, paisibles et chantants. Traverser la Loire pour se rendre sur l’île de Nantes va devenir une sorte d’aventure pittoresque et amusante pour les familles qui, chaque week-end, viennent s’émerveiller devant les Machines et leur Grand Éléphant.
Madame la Maire, le péage îlien est une chance écologique, et donc une opportunité politique. C’est une occasion rêvée pour upgrader définitivement l’île de Nantes et en faire le nouveau lieu ultra-Dandy de la ville. Finis les enjoliveurs, il faut enjoliver la ville !