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Culture de quartier, focus sur : Monselet – Guist’hau

À grand tort, le Dandy n’a tendance à remonter les artères du quartier Monselet – Guist’hau qu’à toute allure sur son deux-roues motorisé, là où la pratique pédestre lui révélerait quelques écrins de verdure et de belles demeures au sein desquelles la vie Nantaise s’écoule en toute quiétude. C’est que derrière le bruit assourdissant des pots d’échappement, se révèle le silence d’un triangle d’or où l’or y dort, et le cor aussi, sur ses deux oreillers en plume de faisan.

Un Dandy y mourrait en quelques semaines, n’y trouvant pas le moindre pressing à 300 mètres à la ronde.

Monselet – Guist’hau se reconnaît à sa culture de quartier exclusive : l’immobilier. C’est bien simple : il n’a que celle-là. C’est surtout la seule chose qui intéresse et que comprennent ses résidents, premiers acheteurs des numéros « Nantes, spécial immobilier » des newsmagazines nationaux. Les agences immobilières s’y portent très bien, les autres commerces ont tous déserté. Un Dandy y mourrait en quelques semaines, n’y trouvant pas le moindre pressing à 300 mètres à la ronde. Aucun lieu de vie festif. Aucun lieu de vie tout court. Aucun lieu. Fils unique ; famille nombreuse. Si Mondésir sont des ordres, on aimerait exiger du Gigant qu’il ne soit pas gisant dans la Chézine (NB : phrase à lire à voix haute pour exercer sa prononciation).

Hormis la présence d’enfants à roulettes et de pères de famille en chino rose délavé sur chaussures bateau, toute forme de vie semble avoir disparu. Reste au Dandy à écouter parler ces hauts murs d’où lui parvient le murmure de l’entre-soi et de la vie bourgeoise. Symbole absolu de ce quartier, la rue de la Bastille, avec son nom commençant comme un 14 juillet et finissant en 18 brumaire, regorge de dizaines d’habitations privilégiées : les impasses du 2 et du 52, les passages Saint-Yves et Leroy, et la magnifique maison de maître du numéro 76. Charles Monselet possède des impasses privées au 2 et au 22 de sa rue. Alfred de Musset a fait ériger un véritable manoir de ville au numéro 18. Avec ses demeures du 16, du 17 et du 26, aux inspirations très différentes, Émile Boissier n’a rien à lui envier. En revanche, le tiercé gagnant est remporté par Guibal avec ses maisons du 32, 34 et 36 et leurs murs d’enceinte culminant à 3 mètres. La palme de la touche londonienne revient à l’avenue Bazin. Celle du manque de prétention, au regard du prestige de son nom, à l’avenue Camus – le jury lui a, en outre, retiré des points en raison de l’accueil trop révérencieux fait aux locaux professionnels de l’heureux et riche propriétaire du Hangar à Bananes.

Le Nantais de la rue ne connaît pas ces dernières et pour cause : il n’y habite pas, n’y possède ni famille, ni amis, ni même une lointaine et secrète amoureuse transie. Tout comme le Dandy. Il peut seulement être peiné d’apprendre que de Toutes joies on a fait une avenue privée et que le Boccage a pris nom de Marie-Anne bien que la République qu’elle incarne rejoue, sur le trottoir d’en face, son opposition historique à l’Église dont le parc arboré de l’école Saint-Michel nargue le triste goudron de l’école publique. N’y manqueraient plus, ce faisant, que les plumes. Celles dont Monselet – Guist’Hau est, précisément, dépourvu car ne sait écrire son histoire que celui (ou celle) qui la vit en majesté, pas en majuscule.

Signature Évariste