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Culture de quartier, focus sur : Chantenay – Sainte-Anne

Comme un recomposé du passé, le quartier Chantenay – Sainte-Anne ne sait pas bien si son présent est au passé composé : peut-on être après avoir été ? Bien des récents habitants, conquis par ces cocons de maisonnées coquettes et protégées des vicissitudes de la ville, ne se soucient guère de savoir si leur rue abritait la vie d’anciens ouvriers de la fonderie Dejoie ou des mécaniciens des chantiers navals Crucy. Ni même ne s’interrogent sur le sort des derniers commerces dont ils n’ont fait que conserver la devanture en mosaïque pour y nicher leur intérieur à l’esprit scandinave. Tournant et retournant autour de la place de la Nation, le Dandy est soudain pris de vertige historique face au vestige toponymique des rues qu’elle dessert : rue des Girondins, des Droits de l’Hommede la Constitutiondu 4 septembredu 24 févrierdu 4 aoûtde la Fédération (sic)… De quoi ces rues, disposées en étoile, sont-elles encore le nom, sinon celui d’étoiles filantes ?

À Chantenay comme à Sainte-Anne, la moindre habitation contemporaine se prend pour une maison d’architecte

Avec le temps, va, tout s’en va, on oublie le visage et l’on oublie la voix. À moins que Léo Ferré ne parlait de la voie. Celle qui pourrait servir de guide à cet implacable assaut de trottinettes et poussettes formant un véritable mouvement des barricades enfantines qui converge chaque week-end vers le parc des Oblates. Symbole de cette nouvelle sociologie de quartier, Shifumi, la seule boutique environnante, propose des « créations pour la décoration et l’enfant » – tout à fait jolies par ailleurs. À Chantenay comme à Sainte-Anne, la moindre habitation contemporaine se prend pour une maison d’architecte dès l’instant où elle pare ses murs en un parjure de gris austère surmonté de grandes fenêtres en PVC noir. Autant dire qu’avec une terrasse en bois et une mezzanine ça devient un loft.

La fulgurance de cette conquête territoriale opérée par les couples de trentenaires et quadragénaires illustre en un schéma idiosyncrasique répandu la montée de la vie familiale parallèlement à l’abandon de la vie sociale. Dans leurs préoccupations, la carte scolaire prime désormais sur la carte des menus. C’est bien simple : il n’y a pas le moindre restaurant ou bistrot sympa dans le quartier. En revanche, de l’école de la rue de la Mutualité au collège de la rue Amiral-du-Chaffault, leur progéniture est bien gardée.

Étonnamment, c’est auprès de l’église Sainte-Anne que le Dandy s’en va trouver du réconfort. Il y retrouve une forme de vie commerçante et franchit avec plaisir le seuil de la galerie Le Rayon Vert qui fait la part belle à la création artistique contemporaine. Tout ragaillardi, il serait presque décidé à boire un verre au Café de la Butte, attendant là celle qui doit le rejoindre en fin de journée. Car la Butte Sainte-Anne est aussi un repaire secret du Dandy : du discret square Maurice Schwob, la vue sur la Loire est sublime et dans quelques minutes les derniers rayons disparaîtront derrière le pont de Cheviré. En face, un avion décolle. Et si le Musée Jules Verne vendait des billets pour un Tour du Monde en 80 jours ?​

Signature Évariste