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Lui, Magazine masculin, trimestriel

LDandy s’était pourtant juré de ne jamais céder à la tentation ; acheter Lui. Pour ses couvertures. Rédhibitoires. Pour son directeur de la rédaction. Rédhibitoire au carré. L’été est passé par là et avec lui, justement, l’air d’une bienveillante litanie chère au Dandy : il faut lire la presse, toute la presse, surtout celle qui n’emporte pas l’adhésion a priori. En cet été 2017, Lui arbore nouveau format, nouvelle périodicité et nouveau directeur de la rédaction. D’un Frédéric l’autre, de Beigbeder à Taddeï. Rayonnante Ana Girardot pleine page et ce qu’il faut de name dropping éclectique en couverture : Gilles Jacob, Mounir Mahjoubi, Bertrand Burgalat… Le sixième passage au kiosque à journaux sera le bon. 242 pages glissées dans le sac, direction la plage.

Dans cette foire d’empoigne rédactionnelle, un article sur les hooligans russes rappelle que les Vladimir Poutine ne font pas des Jean-Paul Sartre….

Souffrant d’amnésie, pêchant par naïveté, le Dandy n’a pas bien anticipé l’incongruité – pour ne pas dire l’indélicatesse – d’une telle lecture sur le sable fin, pris au milieu de Jules et Octave jouant aux raquettes et de Zoé-Ophélie qui s’échine sur sa muraille. En effet, un bon quart du magazine comporte des photos de jeunes femmes dont la partie éminente du corps, voire son intégralité, ne souffre aucune trace de textile. À cette infortune, le Dandy trouve un mérite : il tourne les pages du magazine aussi vite qu’il déguste une crêpe beurre sucre. Sans parler des prises de vue de modèles féminins, par Gaspar Noé qui partage avec la musaraigne un indéniable flair artistique.

Rubrique « Moteur, high-tech, sport, design », allons-y gaiement. Pas compris. Rubrique « Culture, politique, argent, patronat », ben voyons. Confus. Thomas Legrand se retrouve à parler cyberattaques avec Mounir Mahjoubi, s’ensuivent des conseils de spots européens pour la défisc’ et une interview du fondateur des montres Bell & Ross. Dans cette foire d’empoigne rédactionnelle, un article sur les hooligans russes rappelle que les Vladimir Poutine ne font pas des Jean-Paul Sartre. En fin de numéro, le discret musicien et producteur au style Dandy Bertrand Burgalat subit une interview « bilan de santé » à rendre malade un bien portant. On survole, on surnage, on se noie ; on ne sait plus si c’est passionnant d’excentricité ou épatant de futilité.

C’est quand tout s’assombrit que tout s’éclaire enfin. En fait, Lui, c’est Frédéric Taddeï. Comme un coq en pâte dans ce fauteuil de directeur, il a jeté par-dessus bord son butin culturo-intellectuel patiemment amassé – Ce soir (ou jamais !), D’Art d’art – qui lui faisait bénéficier d’un certain crédit auprès du Dandy. En grand enfant bâtisseur de château de sable pour mieux savourer sa destruction, Taddeï s’y emploie en trois temps. 1. Le mythe culturel : interview inventaire à la Prévert et anecdotes salées de Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes. 2. La connivence glamour : conversation sans fil et sans conducteur avec l’actrice Ana Girardot, réduite aux acquêts. 3. Le surréalisme globe-trotteur : récit d’une semaine de vacances avec sa femme en Corée du Sud tel un florilège de Tintin au Congo et des Bronzés – « Les Sud-Coréens des deux sexes sont complètement américanisés, assez grands de taille, et très portés sur l’infidélité sexuelle. » Un (gros) nuage passe… Frédéric Taddeï a Lui-même choisi sa tombe professionnelle et c’est à son enterrement que le Dandy, bien triste, a assisté. En 1 heure 30 de lecture tout au plus. Laissée là, ensevelie sous le sable d’une plage bretonne, Ana Girardot mérite bien mieux que Lui… un Dandy. De Nantes va sans dire.

Signature Évariste