Madame la Maire,
Nous commençons par vous adresser nos vœux les plus chaleureux pour cette année 2017, que l’on vous souhaite riche en projets et en idées. Vous savez désormais pouvoir compter sur nous pour cette dernière mention, dont le présent courrier attestera.
L’image vous plaira : une abeille, c’est comme un Dandy, ça aime butiner. Et de butin en butin, on cultive son jardin (Jules Renard) (ou Maître Corbeau, l’on ne sait plus). Là où le Dandy butine de lieux en femmes, de promenades en lectures, les abeilles se nourrissent exclusivement de la sève des fleurs. Organisées en véritable classe ouvrière, les abeilles disposent d’une force de travail colossale leur permettant de produire une précieuse substance : le miel. Si, à Guérande, on produit le sel de la vie ; il est venu le temps qu’à Nantes on produise le miel de la vie.
Attaché.e.s aux valeurs environnementales et de consommation raisonnée, beaucoup de Nantaises et Nantais connaissent et expérimentent déjà des réseaux tels que « La ruche qui dit oui ! ». Aujourd’hui, il vous faut répondre en disant : « oui à la ruche ! ». C’est un message à la fois optimiste et mobilisateur qui leur serait envoyé. La ville doit se couvrir de ruches comme Val-d’Isère se couvre de neige en hiver. Et cela pour au moins deux raisons essentielles :
– d’une part, les abeilles sont un excellent indicateur de l’état de la faune et de la flore d’une ville. En cela, Nantes a tout à gagner à démontrer qu’elle est plus que jamais la ville verte qu’elle affiche avec conviction – le jaune lui étant fourni par ces abeilles même ;
– d’autre part, la présence d’apiculteurs en tenue dans les rues de Nantes donnerait instantanément au Dandy et à ses congénères le sentiment de côtoyer des cosmonautes terrestres. Tous ceux, fascinés par la conquête spatiale, se rueraient indéniablement dans la cité des Ducs pour avoir le sentiment de vivre comme une conquête de l’Ouest. Les petits pas vers Nantes deviendraient ainsi de grands pas pour son développement.
Si Nantes compte tant de pépinières, on ne peut que s’étonner de l’absence totale de ruches. C’est un défi. Bien sûr, il se trouvera toujours des citoyens chafouins et perfides pour souligner, à grandes envolées outrées, l’hérésie consistant à introduire en milieu urbain des insectes trouvant un terrain plus fertile en milieu bucolique. Vous aurez, Madame la Maire, tout lieu de rétorquer à ces cruches frileuses : tant va la ruche à l’eau qu’à la fin on noie le poisson dans la Loire. Faisant jaillir la poésie de votre bouche, vous n’aurez plus qu’à porter le miel à vos lèvres.
On compte sur vous. Et soyez-en rassurée : notre plus beau butin, c’est vous.