Le style Nantais, c’est aussi le plaisir de flâner au milieu de certaines curiosités urbanistiques. Une tour infâme coiffée d’un Nid, qu’on déplore, autant qu’on l’implore lorsqu’il s’agit de donner un utile point de repère à son allocutaire. De guerre lasse, le peuple exsangue a fini par admettre que Nantes sans sa Tour Bretagne, c’est comme une Fête de l’Huma sans les pieds dans la boue ; ça perd tout son charme. Ce à quoi est venu s’ajouter cet ombrageux Palais de justice, encore trop beau pour être un musée d’art contemporain. Une réalisation fièrement (et chèrement) signée par la ville à Jean Nouvel, qui est à l’architecture mondiale ce que Pierre Ménès est au régime Dukan.
En réalité, le style Nantais a compliqué sur la route ce qu’il a simplifié dans la descente. Santé.
Au train où vont les choses à Nantes, le TGV ne devrait pas avoir droit de cité dans le duché d’Anne. Jamais vraiment stressés, les plus costumés des Nantais ne vont au bal marchand – c’est-à-dire au travail – qu’avec un masque (et un tuba) dont ils sont sûrs de pouvoir se séparer dès 18h. Les plus désuets attendront vaillamment 18h30 pour défaire une cravate, mal nouée à l’origine, et enfin pouvoir rejoindre leur repaire favori. Comme une double peine ; les mêmes s’avèrent souvent victimes des ravages du port de la veste matelassée. Le Nantais des bureaux s’habille (mal) de noir et de gris car, plus que d’argent, il se nourrit du bleu de la mer, du vert de son jardin, du rose de sa ville et du brun de sa bière.
La nuit tombée, ayant porté à sa bouche plusieurs gorgées de Poney Poney Rhum Rhum, le Nantais en perd son Dominique A…BCD et croit voir les ronds-points en double. Pure illusion d’optique. Contrairement à une idée reçue, les employés de la voirie étaient parfaitement à jeun au moment de créer ces doubles ronds-points qui font l’immense réputation de Nantes jusqu’à Santiago du Chili ou Taipei. En réalité, le style Nantais a compliqué sur la route ce qu’il a simplifié dans la descente. Santé.
Le legs d’Anne à ses héritiers du XXIème siècle, ce n’est pas qu’un château et des cartes. C’est un certain esprit des barricades : celles derrière lesquelles on se retranche, à Notre-Dame-des-Landes comme dans les rues privées du quartier Monselet, pour défendre son pré carré. Guère impressionné par ces barrières sociales, le Dandy, lui, est adepte du saut d’obstacles : il met la ZAD dans le zig et sait être miséricordieux à l’endroit des esprits aussi étroits que le trottoir de la rue de Miséricorde. Dans le vent et dans les vagues, tout finira par tomber. Comme une devise à l’attention des futurs Nantais qui s’y échoueront. Rassurez-vous : le Dandy se chargera de votre accueil.