Quand il arrive au Dandy de sortir par la porte dérobée du Marceau, rue Camille Berruyer, soucieux d’éviter persiflages et blâmes sur son inhabituelle sagesse festive, il ne se doute pas qu’il va croiser par inadvertance ses amis sur le seuil de l’entrée principale, place Newton. Mince, c’est ballot. Pourquoi diable un si petit établissement dispose-t-il de deux entrées ? Un Dandy peut tromper une fois ses amis, mais il a mille fois raison ! Enfin, ce n’est pas le thème du débat.
… Le Marceau vit sa vinaigrette et assaisonne fort agréablement l’esprit brasserie simple et efficace.
C’est tout le charme du Marceau : sa double entrée et la disposition des lieux en un bel arc de cercle dessiné par le bar forment les contours d’une salle intimiste et chaleureuse. Tables de bistrot, décoration épurée, ambiance discrète, kitsch néo-moderne des lumineuses lettres « The Bar », sises au-dessus de leur objet de désignation. Mise en abyme d’un bar d’angle situé au cœur du triangle d’or Guist’hau–Delorme–Briand, Le Marceau vit sa vinaigrette et assaisonne fort agréablement l’esprit brasserie simple et efficace. Il faut dire que derrière Le Marceau se cache la fine équipe du Kléber, autre référence incontournable de l’attenant triangle au métal précieux Copernic–Racine–Dobrée. Le midi, on y mange très convenablement ; le soir, tout s’y danse quand d’autres dansent des heures.
Sceptique sur un concept dont ses amis lui vantaient tant les plaisirs, le Dandy s’est non seulement laissé convaincre, mais plus encore : il a clairement adhéré. Le Marceau propose à ses clients, la soirée avançant, de se munir de casques pour y écouter à leur guise les musiques de leur choix sur trois fréquences possibles. Le paradoxe est une réussite : à écouter chacun les sons les plus variés, on finit par danser ensemble jusqu’à échanger, rire, sympathiser. Ce qu’une discothèque, dont c’est la fonction même, parvient poussivement à atteindre. Enthousiasmé par la possibilité d’y diffuser sa playlist, le Dandy passe en mode casque bleu pour jouer les meilleurs sons de la France Chébran : Propriété privée, Visa pour aimer, Playboy en détresse, Salut les salauds… On adore ! Ajoutez à cela une clientèle féminine premium, auprès de laquelle le Dandy déploie, par alternance, sans plus ou moins d’efforts, son art discursif et chorégraphique, vous avez tous les ingrédients d’une magnifique résoi. Dernier verre, dernier pas de danse, plus personne. Où est-elle ? Pourquoi faut-il toujours que le Dandy parte le dernier ?
Bonus track : le Dandy ajoute une mention spéciale à l’équipe. Accueillante et bienveillante. Dotée d’un peu d’or de ce quartier dans ses mains. Qu’elle en fasse pour longtemps bel usage.
À Françoise B-D.
Le Marceau :
3 Rue Camille Berruyer – Guist’Hau – 44000 Nantes
