Le matin, vers 16h30, lorsqu’il traverse la passerelle Victor-Schoelcher pour affronter la population qui déambule de Médiathèque à Bouffay, le Dandy est souvent pris de l’envie de se pendre à sa cravate à la vue de toutes ces fripes qui prennent le nom de marques dès l’instant où il est écrit « Levis », « Supreme », « Abercrombie » sur un bout de tissu blanc. Quitte à mettre fin à ses jours, suspendu aux grilles d’entrée du Cours Cambronne, le Dandy aime autant le faire avec panache grâce au plus beau des attributs : une cravate tricot.
Un homme de goût se repère à sa cravate tricot, de la même façon qu’un Dandy se repère un verre de Muscadet à la main.
Brève histoire de la cravate tricot : Un jour, un gentilhomme du pays Nantais, connu sous le nom de Cendrillec, se rendit à une réception donnée par une descendante d’Anne de Bretagne. Ayant fait la promesse à ses parents de rentrer au crépuscule pour préparer la pêche en mer matinale, il quitta précipitamment la cérémonie, perdant au passage, dans des circonstances troubles, l’une de ses chaussettes épaisses. Avantageusement repéré par son aisance oratoire et stylistique, la prétendante au trône se mit à rechercher le propriétaire de cette malheureuse relique en laine. Après un tour du pays Nantais qui l’emmena de Oudon à Sainte-Pazanne, l’amoureuse frappa enfin à la porte de Cendrillec, qui lui ouvrit. Elle présenta l’objet de son délice à l’objet de son désir. Toujours prompt à se sortir de situations embarrassantes pour en tirer avantage, Cendrillec joua son va-tout et prit fermement la chaussette entre ses mains que, spontanément, il noua autour de son cou, avec ces mots : « Ma mie, je vous suis gré d’avoir apporté jusqu’à mon antre cette cravate à laquelle je tenais tant. Puis-je vous proposer de partager ensemble un verre d’hydromel en guise de remerciement ? ». Sur ces entrefaites, la douce accepta l’invitation et ce fut le début d’une histoire sans fin. La cravate tricot était née.
Avec son allure de chaussette en laine, la cravate tricot est indiscutablement un accessoire de Dandy. Elle crée cet habile décalage, cette malicieuse audace, ce conformisme extraverti qui traduit une personnalité attachante. Elle distingue les hommes raffinés du menu fretin passionné par la rutilance automobile. Elle se prête à l’élégance : idéale pour lancer une invitation à dîner à celle que le Dandy convoite. Elle se prête aussi fort bien à l’extravagance, volant au vent : lancé à pleine vitesse sur un Bicloo ou dans une course folle pour attraper le dernier bateau en partance de Trentemoult. Les hommes les plus réfractaires au concept même de cravate ne peuvent résister longtemps aux attraits de l’esprit tricot. Ne serait-ce que par respect pour leur grand-mère qui s’est échiné les doigts à manipuler des aiguilles pour leur confectionner pulls ou écharpes. Là où la marinière horizontalise, la cravate tricot verticalise : elle pose un homme.
Un homme de goût se repère à sa cravate tricot, de la même façon qu’un Dandy se repère un verre de Muscadet à la main. Il se murmure, sur les pontons du quai de la Fosse et du canal Saint-Félix, que les cravates tricot en pays Nantais ont toujours été surmontées d’un hameçon symbolique : le pouvoir de séduction. Pêcheur aguerri, le Dandy ne manque jamais d’en faire l’expérience, dès qu’il se présente ainsi vêtu à l’une de celles qu’il prend pour une descendante d’Anne de Bretagne.
Où trouver une belle cravate tricot des mifadesfamilles à Nantes ?
- Atelier Coqlico, passage Pommeraye
- Café Coton, rue Franklin
- Coquerico, rue Grétry
- Coton Doux, passage Pommeraye
- Galeries Lafayette, rue de la Marne
- Reza, rue de la Fosse