« Préambule. Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur, disait Jean Cocteau. Alors puisque la vie et la nuit Nantaises ne sont pas nées avec Dandy de Nantes, autant solliciter un bon connaisseur de celles-ci, Nantais historique et ami proche, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités. Philémon fait revivre un peu d’une époque que beaucoup reconnaîtront. Les Dandys. »
Programmons la DeLorean du célèbre Marty de « Retour vers le futur » pour revenir aux années 90 dans des lieux mythiques de la nuit Nantaise, bien avant que les dents acérées des pelleteuses administratives ou judiciaires ne viennent entraver ces fantasmagoriques sorties.
C’est une alternance entre un orchestre sensationnel et un disquaire qui met en osmose le public et les Dandys…
Il est 1h du matin en ce vendredi soir de 1995 quand un message tombe sur le Tattoo qui nous accompagne : ça y est, les complices Dandys ont perdu leur chef de file dans cette immense discothèque qu’est le Quai West. Il leur faut répondre à cette question cruciale : whisky ou vodka pour la bouteille ? Pour faire plaisir à l’un d’entre eux, on choisit le whisky mais à une condition : disposer d’une belle table près de la piste. C’est le moment de laisser là la charmante chargée de clientèle du vestiaire.
Dans une ambiance chaleureuse et festive, on trinque et on danse, non loin de Didier D. et Marcel D. dont la présence nous est révélée par le plus footballeur des Dandys. Car, à cette époque, le Quai West est l’un des repaires des Canaris de la grande épopée du F.C.N.
3 heures. La bouteille est vide, Dr Dre cède sa place à de la dance. Il est temps de se faire soigner ailleurs. Pardessus enfilés, notre équipe longe le quai François Mitterrand pour rejoindre un autre lieu célèbre : le Balapapa. A l’entrée, c’est Maître Lee ! 8ème dan de Taekwondo. Authentique pour qui l’a connu. Tenue correcte exigée, baskets et jeans prohibés. Le respect d’un tel homme, venu de sa Corée natale, a permis au Balapapa d’avoir sans doute la plus belle clientèle Nantaise.
Malgré quelques pas hésitants à l’entrée, vagues soupçons de danse, le Balapapa, monstre sacré de l’Île de Nantes, ouvre ses portes. Après avoir payé l’entrée avec consommation 80 francs (en 1995, mais oui, on parle en franc), tout le monde est à l’intérieur. Dans cet endroit, pas de techno, ni de rap ou de dance. Point de Dj résident comme dans les night clubs classiques. C’est une alternance entre un orchestre sensationnel et un disquaire qui met en osmose le public et les Dandys, décidément charmés par ce lieu. A l’époque, il est de bon ton d’être bon danseur pour faire connaissance et s’attirer les regards des cavalières assises dans l’ombre des sunlights. Toute la nuit se passera à les faire virevolter.
A 6h30, pas encore fatigués bien que la nuit s’éteigne, c’est un décollage pour une autre planète. En mode Machines de l’île avant l’heure, les Dandys partent en quête de fête et d’after au fameux et bruyant Daily Planet. Musique électro et mélange détonnant de faune nocturne ; on se mêle de tout et à tous. L’île de Nantes est alors un îlot de fête que rien n’arrête.
Nota Bene : le Quai West (3 quai François Mitterrand) est devenu une école de communication, le Balapapa (24 quai François Mitterrand) une station de vélo libre-service et un palais de justice, et le Daily Planet (5 rue des Réformes) un immeuble d’habitations. Nantes et son histoire… ou la volonté de la ville de parquer les lieux de fête en un seul et même endroit (les cris de singes dérangent… Au fer ! Au Hangar à bananes !… criaient les puissants).