Combien sont-ils les Nantais, qui connaissent par cœur leur centre-ville, à ne s’être jamais aventurés dans la rue Lekain ? Le Dandy, en premier lieu, ne fait pas toujours exception. Flâneur invétéré, il est comme tout le monde : il a tendance à privilégier les grandes artères du cœur de ville plutôt que les veines discrètes qui remplissent, de facto, un rôle essentiel à la régulation du corps urbain. C’est là que s’y cachent les petites adresses en marge (maçon président !), que s’y nichent les lieux non formatés et les vrais espaces de rencontres et d’échanges insolites. Urbain, profondément humain. Sur la colline de Graslin, le Café Landru est un arbre de liberté qui se cache derrière une forêt de conventions. Grâce à la discrétion d’une rue qu’on penserait en impasse, n’intéressant guère la promotion immobilière et les acheteurs peu enthousiasmés par une vue plongeante sur un parking NGE, le Café Landru cultive le mystère et la transgression subtile. Nantais des artères, c’est jour de veine ! Du boulevard Saint-Aignan au mail Pablo Picasso, il y propose l’un des Muscadets les moins chers de la ville.
Le Café Landru… c’est la truanderie érigée en art de la séduction…
Le Café Landru, c’est l’esprit Maréchal-Joffre la terrasse en plus, c’est la fantaisie des Beaux-Arts le carton à dessins Annonay en moins, c’est Ressource qui a fait une performance au plafond, c’est l’anti-Molière (même si naturellement le Dandy fréquente les deux), c’est Le Louis-Blanc avec un babyfoot, c’est L’Industrie avec moins de CSP+, c’est La Trinquette avec du mobilier de châtelain, c’est le meilleur plan after des vernissages, c’est le bon plan before du Prohibition ou du Castel, c’est le plan scred pour un badinage ambigu et savoureux, c’est une boutique vintage avec une licence 4, c’est la truanderie érigée en art de la séduction, c’est la chaleur d’un lieu de passage où l’on reste à la différence d’un frigo qui est un lieu de restes où l’on passe, c’est Le Croisic en plus idéaux logiques, c’est Carnac avec des menhirs qui finissent couchés, c’est là où la Nuit du VAN rode son programme, c’est l’enfant caché dépourvu de subventions que le Lieu Unique aurait eu avec Pol’N, c’est un service au bar en gilet 5 boutons, c’est une alternative à l’alternatif, c’est un hangar qui donne la banane, c’est près de la station Delorme où tous les Bicloo ont été décimés, c’est le lot de consolation de la Saint-Sylvestre quand on sent que l’an sera dru. Le Café Landru en une phrase ? Le vrai crime est de ne pas s’y rendre plus souvent.
À Muriel.
Café Landru :
7 Rue Lekain – Graslin – 44000 Nantes