Pour qui aime les labyrinthes, Saint-Brévin-les-Pins la nuit constitue un terrain d’entraînement de premier choix. Côté Saint-Brévin-L’Océan, dans un écheveau d’allées et d’avenues toutes plus boisées à chaque croisement, la bien-nommée allée des Charmes, lieu de villégiature du Dandy, ne s’offre pas si aisément au visiteur. Premier charme de cette destination : dépaysement assuré de tomber sur une ville des Landes en plein estuaire de la Loire. Deuxième ô charme : la Fête de la Moule, instituée depuis presque 30 ans, se trouve retourner la base nautique aussi puissamment force 4 qu’une crêpe sur un bilig. Venu jouer de son charme, c’est sous ce dernier que le Dandy repart.
…Le lieu restera dans l’histoire du Dandysme pour sa patinoire de sky-coca au sol, unique en Loire-Atlantique.
Plongé au cœur d’une véritable Mafiosa en famille dont il est l’invité, le Dandy – qu’on prend parfois pour le Professeur de La Casa de Papel – a compris sans failles qu’une Fête de la Moule se prépare, s’organise et se pense avec la précision millimétrée d’une chorégraphie. Un braquage stylistique. Tout équipé de t-shirts siglés « FDLM » de face, et personnalisés au dos, le groupe de noceurs, composé entre autres de pompiers et d’infirmières, s’élance sur des routes au goudron craquelé par les racines de pins :
Et on est trente motherfucker
Ouais ce soir on est trente (x2)
Si, la nuit, le franchissement du pont de Saint-Nazaire prend des allures de décollage sur une piste d’aéroport, c’est qu’un service à bord premium est assuré par la compagnie brévinoise : moules, barquettes de frites, far breton et pichets de rosé. Saint-Brévin en son sain breuvage. Aux platines, le Dj Sébastien Kills a décidé de tout tuer : Bill d’abord (Kill Bill), la musique ensuite, l’esprit de sérieux enfin selon son adage fétiche « Bordel ou pas ? » Bordel bien sûr ! Après moul(t)es négociations, un contingent de l’allée des Charmes est détaché pour assurer le show sur l’ultime musique de son set : Calogero – astucieux diminutif de cale au jéroboam. Le message est limpide : direction la seule discothèque de Saint-Brévin. Une chaleur étouffante au point qu’un ours polaire, sa banquise en bandoulière, en repartirait avec de la glace pilée. Au Night Fever, avenue du Président Roosevelt, c’est un drôle de New Deal qui s’engage à l’entrée : cartes d’identité conservées contre laissez-passer accordé. L’un des portiers ressemble au Seth Gueko dans sa transition tatouages-muscles pré-départ pour le business en Thaïlande, l’autre ne veut pas qu’un acrobate du groupe tente le salto arrière sur la piste. Le lieu restera dans l’histoire du Dandysme pour sa patinoire de sky-coca au sol, unique en Loire-Atlantique.
Opportunément, le Dandy découvre à cette occasion qu’une lingette pour bébé est le plus magique des nettoyants pour rétablir une paire de Stan Smith dans son honneur lactescent. Tout comme Saint-Brévin parvient à redonner ses lettres de noblesse à l’expérience plagiste dans sa version sauvage et non saturée de balcons, de remblais, de lampadaires et de voitures. Il y a le sable, les pins, le soleil et la mer. À l’horizon, mirage et miracle de l’illusion d’optique : le positionnement épars de cargos et de navires parvient à dessiner sur l’océan comme un pont imaginaire qui le surplombe. L’estuaire sait être espiègle.
Sur cette grande plage, le Dandy se lance dans un tennis-ballon sur un terrain où les quilles de Molkky servent à matérialiser le filet. Face à son ascendance cousinale plus adroite, le Dandy manque d’adresse. À l’égal du Frisbee qu’il ne parvient pas à faire respecter sa zone de destination pourtant clairement indiquée par sa main. Quitte à rater son geste, autant lancer une teillebou à la mer ; bien inspirée qu’elle serait d’aller s’échouer du côté des marais salants de Guérande. Là où réside l’élégante brune qui aborda le Dandy au bar du Night Fever, envoyant quelques signaux l’invitant à passer à tribord (feu vert). Sans doute l’allée des Charmes, ce soir-là, se trouvait-elle à babord…
À Laura et Lucie A.