Mais qui prend le métro à Falguière ? Plutôt le haut ou le bas de Pigalle ? Peut-on rester vivant plus d’une demi-heure en rollers sur les Grands Boulevards ? L’au-delà, est-ce le cimetière du Père-Lachaise ou le boulevard Exelmans ? La priorité à droite d’Étoile rend-t-elle filante la gauche ? À quand remonte la dernière traversée à la nage du Bassin de la Villette ? L’ombre de la Tour Montparnasse peut-elle porter jusqu’à la Seine ? Si oui, à quelle heure ? Gibert Jeune sera-t-il vieux un jour ? Paris, ce flot ininterrompu de questions fondamentales.
48 heures entre tourbillon et plénitude. Voir Paris : perdre ses esprits, en garder l’esprit.
Sous la Tour Eiffel, coule la sève (la Sèvre coule à Nantes) : théâtres, musées, culture, concepts stores, brasseries, mode, baron Haussmann, rive droite et rive gauche, chocolatiers, parcs et jardins, universités, marchés bio. Ici, c’est Paris. Et ici, le Dandy est en terrain conquis ; sans cette fausse sous-estime de soi qui reviendrait à penser que n’étant pas Dandy de Paris, il s’en trouve fort marri. Loin (380 km) s’en faut.
Accueilli par une fort belle équipe de dionysiens pour célébrer le changement d’année, le Dandy ne tarde pas à basculer du côté dionysiaque du champagne. À minuit, comme une Cendrillon du ghetto, il se transforme en Bandit de Nantes. C’est alors que, rêvant secrètement d’un clash avec le Caribbean Dandee, dionysiaque parmi les dionysiens, il lâche ses punchlines sur JoeyStarr et fait entendre la voix de la cité des Ducs…
Tu veux tenter un Manau à Manau sur l’attribut du Dandy
Touche pas au château ou j’te butte à Sainte-Anne
En Jaguarr t’es visser aux Dervallières
Mais Gorgone, Zola t’a déjà mis en phase Germinal
Tu pètes un Doulon, j’te resserre le vice
Joue pas les ACAB ce sera macabre
À Bellamy opé déter j’suis plus ton soc’
Je rentre au Select tu prends une bastos
44 BZH plus puissant que ton 93 hardcore
Tu peux pas test La Bottière Breil et Clos Toreau
Les Olivettes j’les dénoyaute t’en fais le B.O.
Si ça défouraille sur le Quai de Versailles
J’te laisse à l’agonie sur le Cours Sully
Le lendemain… rejoignant quelque ami amateur de Church’s ou de cravates tricot, le Dandy retrouve par là même ses esprits. Et avec eux, le bonheur d’arpenter, pour des raisons diamétralement opposées, la rue Oberkampf et la rue Saint-Honoré ; le plaisir de déguster des pâtes aux truffes un 1er janvier chez East Mamma, restaurant italien à succès du faubourg Saint-Antoine ; l’impression de vivre des moments de grâce© en empruntant la ligne 6 du métro (la plus sympa, il faut bien le dire) ; le ravissement d’observer, en descendant la rue de Rennes (le Dandy est fairplay), la diversité des tenues, des démarches, des manières d’être des passants et, surtout, des passantes.
Fluctuat nec mergitur. À vos souhaits. Des plus extravagants aux plus raisonnables. Le Dandy a traversé de part en part 2015-2016 comme on passe d’un verre, assis en terrasse à Denfert-Rochereau, à l’autre, debout à l’étroit dans un bar de Saint-Michel. Changer d’année, conjurer le sort. Milliers de flammes à République. Avec sa forme escargot, Paris avancera toujours à la vitesse d’une ville lumière.