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48 heures… entre Loudéac et Moncontour

Cœur battant de la Bretagne agricole, c’est-à-dire de la France agricole tout court, le pays du Mené étend ses vertes plaines de Loudéac à Moncontour en passant par Plémet comme autant de carrés de soie dont les étoffes sont des épis : blé, maïs, orge, avoine. Partout des champs et des corps de ferme. Vallonné, le Mené a du relief – et pas que sur le plan géographique. C’est la campagne française qu’on aime : calme, contrastée, chaleureuse, paisible, accueillante, peuplée de vaches, de poulets et de porcs. Le lectorat, attentif, attend la chute… mais comment (et pourquoi) le Dandy passe d’Ibiza à Plessala ?

Art de vivre : il y a 14 terrains de boules pour une population de 1800 habitants, c’est l’un des plus beaux ratios du grand Ouest !

C’est qu’à Plessala, le Dandy pratique et parachève une autre nature de son art : un Dandysme de la contemplation, de la lecture, du jardinage, de l’échappée et des plaisirs culinaires. Les paysages de ce pays sage sont propices à la lecture, face aux rangs de pommes de terre et de petits pois qui guettent les rayons du soleil pour s’épanouir, assis sous la grange au grand air sur un fauteuil en bois. Pour son séjour, le Dandy a transporté dans ses valises le livre de Laurence Debray, Fille de révolutionnaires, et celui de Michel Onfray, icône philosophe qui se mêle de tout – et donc aussi de DandysmeVies & mort d’un dandy. Comme souvent avec Michel Onfray, la thèse est stimulante : contrairement à la légende brossée par Jules Barbey d’Aurevilly, dans Du Dandysme et de George Brummell, le « Beau Brummell » n’était pas si Dandy qu’on le dit, il était même assez grossier, antipathique et mesquin. Homme certes très préoccupé de ses toilettes, il passait des heures à s’apprêter, il était peu Dandy dans l’âme. Dans le fond, dit Onfray, Brummell a constitué pour Barbey d’Aurevilly l’idéal prétexte à faire de ce personnage une figure conceptuelle du Dandysme pour mieux dresser de lui-même son (auto)portrait de Dandy. Le livre est parcouru en une véprée (après-midi). Les 19 heures sonnent à l’horloge, la table est dressée, le feu crépite dans l’âtre pour griller la saucisse de la charcuterie Colombel (la meilleure du coin) qui sera dégustée avec une galette fraîche de la crêperie de La Fontaine Saint-Père (la meilleure du coin, elle aussi). Repas immémorial du Breton.

La nuit, à la campagne, le Dandy découvre qu’il est possible de regarder le ciel et d’y apercevoir les étoiles. Le ciel est réellement visible, voire lisible pour qui aime l’art astronomique. La lune en son plein, étonnamment éclairée d’un jaune intense, ressemble à un soleil. Du noir (la nuit) naît la lumière.

À quelques encablures de Plessala, la ville de Moncontour est classée parmi les plus beaux villages de France. Plongé dans une ambiance médiévale, le Dandy déguste au Chaudron Magique une andouillette à la ficelle bretonne d’un délice exquis à faire succomber les plus farouches végétariens. Un lieu qui souhaite « bonne pitance » est forcément une adresse Dandy. Ville fortifiée, Moncontour est fortifiante avec ses jolies ruelles pavées, ses maisons de pierre et son… Théâtre du Costume. Il n’y a pas de hasard en Dandysme. Au bourg de Plessala, les anciens jouent à la boule bretonne, où il est permis d’utiliser les rebords en bois, avant la collation de 17 heures. Art de vivre : il y a 14 terrains de boules pour une population de 1800 habitants, c’est l’un des plus beaux ratios du grand Ouest ! Le Dandy achève sa journée du côté de la Roche au Cerf, site ancestral comportant un moulin, où la traversée du gué, à sauter de roche en roche, est un authentique terrain de jeu enfantin.

Cette campagne foisonnante s’ouvre sur l’horizon, de la colline de La Hautière à la grande forêt de Loudéac qui se prête aux plus belles ballades. Le Dandy, astoure (maintenant), songe : ses contemporains prennent-ils encore seulement le risque de s’aventurer en forêt où ils s’exposent, ô diable, à n’avoir plus de 4G durant 2 heures ? Certes, il faut parfois jouer les Mac Gyver 2.0 pour accéder aux Internet, mais soupçonne-t-on un seul instant que les agriculteurs alentour sont sans doute mieux équipés en technologies sur leurs exploitations que le PDG de Lengow ? Les pieds dans la terre, les mains dans les gants, le Dandy n’hésite pas à donner de sa personne – en chemise à poignets mousquetaires, il ne se refait pas – pour débroussailler le talus dans le courti (jardin) et couper à la faucille les herbes devenues trop hautes. Imperturbables et minutieuses, les fourmis travaillent la terre dans un défilé frénétique. Les chats se repaissent d’une nourriture abondante. De Moncontour à Loudéac, dans cette campagne où l’espérance de vie s’entend au sens premier de chaque terme, le Dandy réfléchit autant sur le sens de la vie qu’il en a trouvé la meilleure des directions.

À Annick O.

Signature Évariste